Comment je pratique une Arthroscopie du coude

Il aura fallu attendre le milieu des années 80 pour que l'arthroscopie devienne une technique classique au niveau de l'articulation du coude.

Durant ces années il nous a été possible de réaliser plus de 200 arthroscopies exploratrices et thérapeutiques, parmi lesquelles une cinquantaine ont concernées des sportifs de haut niveau dont une majorité de judoka.



 TECHNIQUE ARTHROSCOPIQUE

1-Anesthésie et installation:

L'arthroscopie du coude a lieu en salle d'opération dans les conditions habituelles de la chirurgie orthopédique.

a) L'anesthésie peut-être locale pure pour certains , dans notre expérience nous avons préféré l'anesthésie générale ou loco-régionale, qui autorise un meilleur relâchement musculaire donc un geste arthroscopique plus aisé et plus rapide.

b) L'installation du patient peut se faire en décubitus dorsal, en décubitus latéral ou en décubitus ventral . 

Lorsque le patient est en décubitus dorsal, le bras est en abduction, le coude fléchi à 90°,le membre supérieur est suspendu par un système de poulie. Cette position permet un abord facile de la chambre antérieure, mais elle ne permet pas une exploration aisée de la chambre postérieure, ce qui lui a fait préférer une installation en décubitus latéral voire ventral.

Lorsque le patient est en décubitus latéral, le bras est maintenu dans un appui et le coude se fléchit spontanément à 90°. Cette position permet une exploration plus facile de la chambre postérieure, la chambre antérieure est abordée aussi facilement qu'en décubitus dorsal. Cette position est moins confortable pour le patient et elle implique plus souvent une anesthésie générale.

Lorsque le patient est en décubitus ventral, les conditions d'abord de l'articulation sont tout aussi confortable pour l'opérateur mais moins appréciées des anesthésistes.

c)La préparation du membre

La mise en place du garrot à la racine du bras est constante, il est gonflé ou non suivant les cas.

Une fois les repères osseux marqués au crayon dermographique, la désinfection de la peau est pratiquée. Un jersey gaine le bras et l'avant-bras, les champs isolent la zone opératoire.

aide table instruments opérateur anesthésiste

Installation Coude Arthroscopie

L'opérateur est assis face au coude, l'écran vidéo de l'autre coté du patient.

d)Le matériel utilisé est a priori le même que pour l'arthroscopie du genou, on emploie plus volontiers un arthroscope de 2,8 mm grand angle moins traumatisant et plus maniable. De même si possible un résecteur mécanique avec fraise, de petit diamètre est préférable.

Pour éviter la diffusion du liquide de perfusion sous la peau au cours du geste, la pompe n'est quasiment jamais utilisée.

 

2-Les voies d'abord:

Trois voies d'abord sont le plus souvent utilisées .
Les voies: antéro-interne, antéro-externe et postéro-externe moyenne.
Les voies postéro-internes et antérieures directes sont à éviter en raison de la proximité des formations vasculo-nerveuses.
Quant à la voie trans-osseuse, au travers de la palette humérale, décrite par d'autres auteurs, je ne l'ai pas été utilisée.

Les voies postero-externe:

La voie postéro externe moyenne, ses repères sont:
- le bord externe du tendon tricipital, au bord supérieur de l'olécrâne, le coude fléchi à 90° sur un patient en décubitus ventral ou latéral. La mise en place de l'arthroscope est facilitée par la mise en extension du coude ce qui permet le relâchement du triceps. Cette voie permet l'exploration de la petite cavité sigmoïde et des rampes latéro-olécraniennes internes et externes ainsi que la face postérieure du condyle et de la tête radiale et du tiers postérieur de la face articulaire de l'olécrâne.

-La voie postérieure externe et supérieure

Cette voie est plus instrumentale, se situant à 1 ou 2 cms au dessus de la voie de vision, elle permet le passage d'un résecteur synovial, d'une fraise,d'une pince à attraper ou de tout autre instrument.

-La voie postérieure externe et basse

Ses repères sont ceux de la voie de drainage correspondant à la zone de faiblesse (soft point), située entre la tête radiale, l'olécrâne et l'épicondyle.

Elle a un triple intérêt puisqu'elle peut servir de voie instrumentale, de voie de vision de la face postérieure de la tête radiale et de l'articulation trochléo-olécrannienne et aussi permettre la mise en place d'une canule d'arrivée du liquide de perfusion.

 

b)Les voies antérieures:

-La voie antéro-externe

C'est la plus utilisée, elle est pour beaucoup la voie d'abord initiale.

Après distension à la seringue de la cavité articulaire avec du sérum physiologique, l'instrument est introduit en un point situé environ à 3 cms de l'épicondyle,1 cm en avant. Ce point est proche de la tête radiale repérée lors des mouvements de prono-supination.

En respectant ces repères, on reste à distance du paquet vasculo-nerveux du bras et du rameau cutané externe du radial.
Une fois la gaine de l'arthroscope en place, le reflux du sérum physiologique confirme la situation intra-articulaire. L'arthroscope introduit dans sa gaine , est connecté à la source de lumière froide et à une tubulure branchée sur une poche de liquide de perfusion. Le maintien de la distension de la cavité articulaire est assuré par la pression du liquide de perfusion.
Cette voie permet l'exploration des deux cul-de sacs antero supérieur avec leur synoviale, l'apophyse coronoïde du cubitus, la moitié supérieure de la trochlée et du condyle huméral et les deux tiers antérieurs de la tête radiale grâce aux mouvements de prono-supination.

-La voie antéro-interne

Une fois l'arthroscope placé par voie externe, la voie antéro-interne est repérée par trans-illumination, le point d'entrée est précisé par la mise en place d'une aiguille, dont le bon placement est confirmé par visualisation directe en intra - articulaire. Ce point est situé environ 2 cm en avant de l'épitrochlée.

Une petite incision cutanée permet l'introduction d'une autre gaine qui autorisera le passage d'instrument et la mise en place de l'arthroscope en contro-latéral.

Cette voie explore les mêmes zones que la voie précédente avec une meilleure vision de la tête radiale.

 

3-Les suites habituelles de l'arthroscopie du coude:

Elles sont simples, le plus souvent les ouvertures cutanées sont fermées à l'aide d'adhésifs ou de point non résorbables. Un pansement légèrement compressif est installé en fin d'intervention. La mobilisation immédiate est possible dès les premiers jours en respectant la règle de la non-douleur, en y associant un glaçage régulier et la prise d' anti-inflammatoires à la demande.

Sauf indications particulières, aucune rééducation n'est nécessaire a priori. Les pansements sont retirés vers le 8ème ou le l0ème jour.

Un épanchement modéré peut persister vers le l0ème jour. Il cède au glaçage et aux anti-inflammatoires. Dans le cas contraire, à distance de l'intervention, une infiltration intra-articulaire est possible.

Chez le sportif, la reprise des entraînements se fait en moyenne vers la 3ème semaine et la compétition entre la 4ème et la 8ème.

 

4-Les complications:

Elles sont surtout liées aux complications neurologiques dont la fréquence varie entre 0% et 14% suivant les séries. Elles sont variables selon la voie d'abord, la position du coude et la distension articulaire.

Elles concernent le nerf radial, le nerf médian, le nerf cubital et le nerf brachial cutané interne.

La prévention des complications nerveuses nécessite:

-le repérage des reliefs osseux et le marquage des voies d'abord avant toute distension articulaire.
-la flexion du coude à 90° pour les voies antérieures et la distension articulaire au sérum physiologique.

-l'incision au bistouri de la peau exclusivement, puis dissection des parties molles à la pince.

-la pénétration articulaire au trocart en visant directement le centre de l'articulation.

-d'éviter les hyperpressions intra-articulaires.

-d'être très attentif dans la surveillance neurologique post-opératoire.

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Docteur Jean paul BONVARLET